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Mort de Charles Dumont, crooner sentimental et compositeur de chansons pour Edith Piaf et Dalida

L’anecdote, entrée dans la légende d’Edith Piaf – en conséquence dans l’histoire de la chanson française –, devait constituer une des scènes marquantes de La Môme (2007), le film biographique d’Olivier Dahan. Le 5 octobre 1960, le parolier Michel Vaucaire (1904-1980) et son partenaire compositeur Charles Dumont obtiennent une audience inespérée au domicile parisien de la chanteuse, bien mal en point. Ils se présentent au 67, boulevard Lannes, dans le 16e arrondissement, avec un titre qu’ils ont taillé sur mesure pour elle quatre ans plus tôt. Seulement, Piaf l’a déjà rejeté à trois reprises car elle le trouve autocaricatural. Et elle n’a aucune envie de revoir ce Dumont qu’elle a précédemment congédié sans façon.
Après avoir longuement poireauté, les deux hommes sont finalement reçus. A 31 ans, Dumont tente une dernière fois sa chance en interprétant au piano Non, je ne regrette rien. Coup de théâtre. Cette fois, l’oiseau brisé entend la chanson qui portera son retour à la scène. Ce sera à partir du 29 décembre 1960 à l’Olympia, avec de la morphine pour soulager les douleurs. Et Piaf offrira dans son récital d’autres chansons du tandem Vaucaire-Dumont, comme Mon Dieu ou Les Flonflons du bal.
Ainsi fut lancée la carrière de Charles Dumont, mort lundi 18 novembre à Paris, à l’âge de 95 ans. Avec une tâche immense, puisque l’adoubement le désigna comme successeur de la grande Marguerite Monnot (1903-1961) que Piaf venait de renvoyer sans préavis. Pour sa cliente, Dumont signera une trentaine de musiques, telles celle des Amants (interprétée en duo sur des paroles de Piaf) ou celle de Je m’en remets à toi, à partir d’un texte de Jacques Brel. « La Môme » n’aura malheureusement pas le temps d’enregistrer cette dernière puisqu’elle meurt le 10 octobre 1963. Dumont relèvera le défi et pourra pleinement se lancer comme interprète avec un premier album publié en 1964.
Né le 26 mars 1929 à Cahors, le musicien avait d’abord envisagé de se consacrer au jazz depuis qu’il avait été bouleversé par le génie de Louis Armstrong (1901-1971). L’adolescent se met logiquement à la trompette qu’il étudie au conservatoire de Toulouse et part à l’assaut de la capitale dans l’idée d’intégrer l’orchestre de la garde républicaine. Ses ambitions sont ruinées par une opération des amygdales. La pratique de l’instrument provoque des hémorragies et il doit y renoncer.
Mais pas à la musique : il se reconvertit en s’initiant à l’orgue que lui enseigne Paul-Silva Hérard (1883-1961), titulaire de l’église Saint-Ambroise, dans le 11e arrondissement parisien. L’harmonie enrichit sa palette et Dumont se tourne vers la composition en plaçant des musiques auprès de Dalida, de Gloria Lasso, de Lucienne Delyle ou de Cora Vaucaire, l’épouse de son ami parolier.
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